Rendre à
Dagobert ce qui appartient à Dagobert
« Le bon roi Dagobert a mis sa culotte à l’envers. Le
grand saint Eloi lui dit : O mon roi ! Votre majesté est mal culottée… »
Nous avons forcément tous déjà entendu ces paroles sur ce petit air entrainant.
Peut-être même que certains se sont endormis sur cette belle mélodie et qu’elle
leur rappelle une grande partie de leur plus tendre enfance. Mais… Savez vous
qui est vraiment ce bon roi Dagobert ?
Les premières traces de la comptine remonteraient à la révolution
et ont été ensuite retravaillées par le poète Charles Peguy et interprétées
pour nos berceaux par Colette Renard. Depuis 175O de nombreux couplets se sont
rajoutés ou ont été supprimés jusqu’à ce que l’on connaît aujourd’hui de la
comptine. Enfin, plus ou moins car selon les versions la chansonnette contient
entre 8 et 24 couplets.
La chanson à pour but de tourner en dérision ce pauvre
Dagobert via les remarques de son conseiller saint Eloi. Le traitant ainsi de
goinfre, cocu ou encore fainéant. Et au cas où vous l’ignoriez ce Dagobert a
bel et bien excité. Dagobert Ier a été roi de France, ou plutôt roi des francs
pendant 1O ans, entre 629 et 639. Il est le fils de Clotaire II et le petit
fils de Clovis. Donc pas n’importe qui tout de même !
Alors ? Etait-il si risible que la comptine le laisse
croire ?
Et bien non ! Car en réalité cette chanson avait pour
but de se moquer de la monarchie de l’époque révolutionnaire. Dagobert est
juste une image empruntée au passé pour éviter de se faire couper la tête. Par
Dagobert, il faut donc plutôt y voir (ou y entendre) Louis XV, ou plus tard
Napoléon III.
Alors, rendons à Dagobert ce qui appartient à Dagobert. Sa
dignité par exemple. Dagobert Ier était tout sauf comme il est décrit dans
la chanson. Enfin… Certaines sources le décrivent comme étant bon vivant (comme
tous les rois) et myope, faisant de lui quelqu’un de maladroit. C’est peut-être
ceci qui a poussé les auteurs du texte choisir Dagobert, le plus crédible, pour
dissimuler leurs réelles cibles.
Parce que ce cher Dagobert, il a quand fait des trucs pas si
mal. Lorsqu’il arrive au pouvoir, il a pour objectif d’unifier le gouvernement
et entreprend la restructure administrative et juridique du royaume. Sous le
conseil de « monsieur » Eloi (tient-tient), il centralise aussi la
frappe de la monnaie dans le but de faire face à la fraude monétaire.
Politiquement, Dagobert Ier trouvera chez les Saxons un renfort de poids pour
protéger les frontières mérovingiennes et il développera également l’éducation
et les arts. Il fait aussi de nombreux dons au clergé et fonde l’abbaye de
Saint-Denis qui accueille aujourd’hui sa tombe dans laquelle il doit être en
train de se retourner. Après sa mort à seulement 36 ans, Dagobert Ier laisse
derrière lui deux trop jeunes héritiers. C’est la fin des mérovingiens et le
début de l’époque des « rois fainéants », dont il ne fait donc pas
parti. Bref, un bon roi de France comme il ne s’en fait pas souvent. Tellement
qu’il y aura même un 2 ! A l’affiche de 676 à 679.
Voilà, justice est faite.
Bon, il avait quand même un bon gros défaut le Roi
Dagobert : sa mère s’appelait Bertrude…
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