7h
n’a pas encore sonné mais, dans mon dos, le soleil est déjà haut au-dessus des montagnes, peinant à se frayer un chemin
à travers les quelques nuages. Devant moi, l’Océan Indien. A une centaine de
mètres, les puissantes vagues s’écrasent violement contre le plateau corallien
avant de se calmer et de glisser doucement sur le lagon au réveil. Je suis
absolument seul sur la plage de sable et de coraux. Seul un hélicoptère vient
perturber le bruit respectable et menaçant de l’océan. Je ne saurais pas dire si
la mer est en train de monter ou de descendre. Je mets mon masque, empoigne mon
tuba et laisse mon sac à l’ombre des filaos. Mes pas sont les premiers à
effacer ceux des frêles oiseaux matinaux. L’eau est moins froide que ce à quoi
je m’attendais. Les mollets, la taille et je laisse aller mon corps tout entier
disparaitre sous les eaux tropicales.
Le
silence… Je n’entends que le silence de ce monde. Il y a bien le vrombissement
lointain des vagues mais à part ça c’est le silence complet. Il n’y a que mes inspirations
et expirations régulières à travers le tuba qui font vibrer mes tympans.
Hormis
les Holothuries, boudin de mer comme on dit à La Réunion, le premier être vivant
que je rencontre est un Chirurgien en train de prendre son petit déjeuner dans
le sable.
Première
patate de corail et première surprise. A trois mètres, face à moi, une Murène.
Je ne m’y connais pas assez pour identifier son espèce. Peut-être une murène
étoilée, ou une murène à tache noire. Quoi qu’il en soit, elle m’a vu. Je cesse
de nager et m’immobilise. Considérant la grosseur de sa tête, je dirais qu’elle
fait dans les un mètre, surement un peu plus. Je n’en vois qu’une trentaine de
centimètres. Le reste de son corps reste bien caché dans son refuge. La bouche
grande ouverte, je peux distinguer ses dents. Le serpent de mer semble me
regarder. Quelques petits poissons nagent devant sa gueule effrayante. Je
m’attends à ce que l’un d’eux se fasse dévorer. A moins qu’elle ne soit
obnubilée que par ma présence et que ses yeux menaçants ne lui servent pour le
moment qu’à surveiller mes faits et gestes. Nous conservons le face à face un
long moment et je me délecte de cet instant précieux qui m’est offert. Un Ange
Empereur détourne mon attention. Quand je reviens sur la patate la murène à
disparue. En une fraction de seconde, le mirage s’est envolé.
Plus
j’avance, plus les patates de corail se font nombreuses et plus les espèces de
poissons se multiplient. Les coraux morts laissent place aux coraux vivants et
leurs intenses couleurs. Balistes, Cochers, Poissons coffre ; à chaque
détoure, à chaque coups d’œil, j’en découvre de nouvelles.
Autour
d’un même corail, l’on peut retrouver jusqu’à dix espèces de poissons
différentes. Les Chaetodons nagent aux cotés des Pincettes à long bec et les
Sergent-Majors côtoient les Demoiselles.
Je
me perds lentement entre les coraux. Prenant soins de ne pas les toucher pour
ne rien abimer de cet écosystème si fragile, je me laisse porter par le courant
et guider par les poissons que je suis par curiosité. Certains que je ne
connais pas m’intriguent, d’autres m’amusent. Je joue à les suivre et à les
reconnaitre. Un petit banc de Poissons Bagnards se prend au jeu et me guide au
travers du labyrinthe aquatique jusqu’à un groupe de Poissons Flutes. Immobiles,
ils s’emblaient m’attendre. Je m’approche lentement, les Bagnards ont disparu.
A quelques centimètres, les Flutes s’allongent et glissent dans l’eau salée
jusqu’à quitter ma vue.
Je
me retrouve seul, et, porté par le courant qui s’intensifie, décide de sortir
de ce petit paradis. Je reviendrai en découvrir d’autres merveilles demain
matin…
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